vendredi 14 mars 2008

littérature et peinture

J’écris pour me parcourir
Peindre , composer , écrire , me parcourir .
Là est l’aventure d’être en vie .

Quels sont les liens , les interférences, les influences entre la littérature et la peinture ?
Quelques considérations générales pour alimenter notre réflexion :

L’Art est le canal d’un désir de langage , qui trouve dans l’image une vision satisfaisante .
Tout l’univers visible n’est qu’un magasin d’images et de signes auxquels l’imagination donnera une place er une valeur relatives

La peinture devient moteur de l’écriture
Une fascination qui relance le désir de création .
Baudelaire – Delacroix (prairies rouges arbres bleus)

Les rapports sont étroits entre littérature et peinture mais les liaisons sont diverses entre ces deux arts
La lettre écrite devient aliment de la création plastique
Inscriptions au fond des tableaux du Moyen-Age
Graphismes modernes :Basquet- Alechinsky .
Calligraphies arabes , chinoises , égyptiennes .
Enluminures .Miniatures

Pour la littérature , la peinture est un élément créateur , un stimulant
Mais comment décrire le Beau , quels mots utiliser , quelles expressions inventer pour transcrire , évoquer la beauté , le sublime ? Le romancier peut-il rivaliser avec le peintre ?
Il faut un langage spécifique .
L’image peut donner à voir de manière plus sensible , plus directe ce que le texte laisse percevoir au prix d’un plus long détour .

Quelques périodes références pour illustrer les interférences entre ces deux arts .
Le Romantisme : Chateaubriand-Lamartine- Hugo
Le Néoclassisisme : Ingres- Girodet Gros.
Les Orientalistes : Delacroix – Chasseriau
Le Réalisme :Balzac – Zola – Flaubert
Le Réalisme : : Courbet- Millet
L’Impressionnisme : Manet-Monet-Degas – Renoir
L’Art pour l’art : Gautier – Hérédia – Flaubert
Le Symbolisme : Baudelaire – Verlaine – Mallarmé
Le Symbolisme : Moreau – Gauguin
L’Expressionisme : Rimbaud
L’Expressionisme : Van Gog



Illustrations

Texte de Zola : La fortune des Rougon (1871)
Tableau de Goya : Tres de mayo
Manet : L’exécution de Maximilien (1867)

Zola : Nana (1880)
Manet : Devant le miroir (1876)
Nana (1877)
Zola : Une page d’amour (1878)
Monet : Femme au jardin à Ville d’Avray (1866)
Jardins en fleurs (1866)
Renoir : La balançoire
Zola : L’ Œuvre (1866)
Monet : la musique aux Tuileries
Giono : Jean le bleu (1932)
Bruegel : La chute d’Icare

Et aussi l’impressionnisme littéraire de
Proust . Les Goncourt Rimbaud .Baudelaire .. Virginia Woolf .

mercredi 12 mars 2008

Exposé littérature et peinture


Zola, La Fortune des Rougon (1871)
Après la mort de son amie Miette, Silvère est emmené à l’écart pour être exécuté.
L’aire s’étendait, désolée, sous le ciel jaune. La clarté des nuages cuivrés traînait en reflets louches. Jamais le champ nu, le chantier où les poutres dormaient, comme roidies par le froid, n’avait eu les mélancolies d’un crépuscule si lent, si navré. Au bord de la route, les prisonniers, les soldats, la foule disparaissaient dans le noir des arbres. Seuls le terrain, les madriers, les tas de planches pâlissaient dans les clartés mourantes, avec des teintes limoneuses, un aspect vague de torrent desséché. Les tréteaux des scieurs de long, profilant dans un coin leur charpente maigre, ébauchaient des angles de potence, des montants de guillotine. Et il n’y avait de vivant que trois bohémiens montrant leurs têtes effarées à la porte de leur voiture, un vieux et une vieille, et une grande fille aux cheveux crépus, dont les yeux luisaient comme des yeux de loups.
La pensée que, seul des vauriens du faubourg, il verrait le drame à l’aise, comme du haut d’un balcon, lui donnait une telle hâte, qu’il tomba à deux reprises. Malgré sa course folle, il arriva trop tard pour le premier coup de pistolet. Désespéré, il grimpa sur le mûrier. En voyant que Silvère restait, il eut un sourire. Les soldats lui avaient appris la mort de sa cousine, l’assassinat du charron achevait de le mettre en joie. Il attendit le coup de feu avec cette volupté qu’il prenait à la souffrance des autres, mais décuplée par l’horreur de la scène, mêlée d’une épouvante exquise.





lundi 10 mars 2008

NaNa de Zola


Dans Nana, Emile Zola reprend le personnage de la demi-mondaine qu’il avait créé dans L’Assommoir.
Tous se tournèrent. Elle ne s’était pas couverte du tout, elle venait simplement de boutonner un petit corsage de percale, qui lui cachait à demi la gorge. Lorsque ces messieurs l’avaient mise en fuite, elle se déshabillait à peine, ôtant vivement son costume de Poissarde. Par-derrière, son pantalon laissait passer encore un bout de sa chemise. Et les bras nus, les épaules nues, la pointe des seins à l’air, dans son adorable jeunesse de blonde grasse, elle tenait toujours le rideau d’une main, comme pour le tirer de nouveau, au moindre effarouchement.
Alors, tranquillement, pour aller à la toilette, elle passa en pantalon au milieu de ces messieurs, qui s’écartèrent. Elle avait les hanches très fortes, le pantalon ballonnait, pendant que, la poitrine en avant, elle saluait encore avec son fin sourire. Tout d’un coup, elle parut reconnaître le comte Muffat, et elle lui tendit la main, en amie. Puis, elle le gronda de n’être pas venu à son souper. Son Altesse daignait plaisanter Muffat, qui bégayait, frissonnant d’avoir tenu une seconde, dans sa main brûlante, cette petite main, fraîche des eaux de toilette. Le comte avait fortement dîné chez le prince, grand mangeur et beau buveur. Tous deux étaient même un peu gris. Mais ils se tenaient très bien. Muffat, pour cacher son trouble, ne trouva qu’une phrase sur la chaleur. - Mon Dieu ! qu’il fait chaud ici, dit-il. Comment faites-vous, madame, pour vivre dans une pareille température ?